
lecture commune des diaboliques sur le forum grain de sel, à partir du 20 juillet 2012, inscription :
Tome I - Le Cachet d'onyx - Léa - L'Amour impossible - La Bague d'Annibal - Une Vieille maîtresse - L'Ensorcelée - Le Chevalier des Touches - Un Prêtre marié Tome II - Les Diaboliques - Une Histoire sans nom - Une Page d'histoire - Ce qui ne meurt pas - Du Dandysme et de George Brummel - Memoranda - Poèmes - Pensées détachées
Dans Les Diaboliques, les femmes qui sont au centre des nouvelles sont énigmatiques, parfois presque irréelles. Le lecteur n'accède jamais à leurs pensées (sauf dans La Vengeance d'une femme, qui constitue une exception intéressante). Il est condamné à tenter de comprendre leur comportement de l'extérieur, avec l'aide du ou des narrateurs. La chute est brève et inattendue, comme souvent dans une nouvelle, et laisse le lecteur dans son incompréhension. Les intentions réelles des Diaboliques ne sont jamais révélées, la nouvelle s'achève toujours sur le même non-dit qui parcourt toute l'œuvre. Philippe Berthier qualifie cette poétique de la « carte blanche laissée au rêve pour continuer à sa guise l'œuvre entrevue13 ». C'est dans ce dévoilement inachevé que réside toute la saveur de ces nouvelles.
Les thèmes principaux sont :
- l'amour ;
- l'adultère ;
- le meurtre ;
- la vengeance ;
- la rancune.
Ces thèmes plongent le lecteur dans un univers scandaleux, ce qui a valu à son auteur d'être accusé d'immoralisme. Pourtant, fervent catholique, Barbey précise dans sa préface qu'il offre ces Diaboliques pour susciter l'horreur de leur comportement, et faire ainsi une œuvre chrétienne. Le recueil est donc censé être didactique, mais la jouissance de l'écriture dans les descriptions et la narration peut parfois rendre perplexe. Cette ambivalence fait partie de la complexité de l'ouvrage et participe à en faire une grande œuvre.


Lors d'un dîner entre anciens révolutionnaires et militaires, un des invités évoque la présence du dénommé Mesnilgrand à l'église. Il se justifie et raconte son histoire.
Mesnilgrand est un soldat. Il a une relation avec la femme d'un autre soldat, le major Ydow. Cette femme, Rosalba, tombe enceinte. Quelques mois après sa naissance, l'enfant meurt — et le père putatif, fou de douleur, embaume son cœur pour le transporter avec lui, avant de découvrir l'adultère et de le précipiter dans la poussière. Mesnilgrand a alors sauvé le petit cœur et souhaite lui faire enfin trouver le repos en le confiant à l'église.
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citation
« Les êtres heureux sont graves. Ils portent en eux attentivement leur coeurcomme un verre plein, que le moindre mouvement peut faire déborder oubriser. »

Les Grands classiques et vous (Natou)
Jules Barbey d’Aurevilly (Saint-Sauveur-le-Vicomte, en Normandie, 2 novembre 1808 - Paris, 23 avril 1889) est un écrivain français. Surnommé le « Connétable des lettres », il a contribué à animer la vie littéraire française de la seconde moitié du xixe siècle. Il a été à la fois romancier, nouvelliste, poète, critique littéraire,journaliste et polémiste.
Né au sein d’une ancienne famille normande, Jules Barbey d’Aurevilly baigne dès son plus jeune âge dans les idées catholiques, monarchistes et contre-révolutionnaires. Un moment républicain et démocrate, Barbey finit, sous l’influence de Joseph de Maistre, par adhérer à un monarchisme intransigeant, méprisant les évolutions et les valeurs d’un siècle bourgeois. Il revient au catholicisme vers 1846 et se fait le défenseur acharné de l’ultramontanisme et de l’absolutisme, tout en menant une vie élégante et désordonnée de dandy. Il théorise d'ailleurs, avant Baudelaire, cette attitude de vie dans son essai sur le dandysme et George Brummell. Ses choix idéologiques nourriront une œuvre littéraire, d’une grande originalité, fortement marquée par la foi catholique et le péché.
Son œuvre a été saluée par Baudelaire et plusieurs écrivains ont loué son talent extravagant, notamment à la fin de sa vie, mais Hugo, Flaubert ou Zola ne l'appréciaient pas. Ses « héritiers » ont pour nom Léon Bloy, Joris-Karl Huysmans, Octave Mirbeau ou Paul Bourget et sa vision du catholicisme exercera une profonde influence sur l’œuvre de Bernanos.
Par ses articles, il contribue à faire découvrir Stendhal et à réhabiliter Balzac. Il défend également Les Fleurs du mal de Baudelaire et consacre à Madame Bovary de Flaubert une critique favorable mais sévère. Il déclare son goût pour les romantiques et n’hésite pas à tailler en pièces le réalisme, le naturalisme et les parnassiens : Champfleury, Jules etEdmond de Goncourt, Banville, Leconte de Lisle, et plus tard Émile Zola figurent parmi ses cibles. En 1858, il fonde Le Réveil, un journal littéraire, catholique et gouvernemental. Les articles qu’il publie lui valent des inimitiés : Sainte-Beuve, Pontmartin, Veuillot. Il fait encore parler de lui avec Une vieille maîtresse : l’œuvre est rééditée et crée le scandale.
En 1860, il s’installe au 25 rue Rousselet à Paris, qui sera jusqu’à sa mort son « tournebride de sous-lieutenant », et publie le 1er volume des Œuvres et les hommes, vaste ensemble de recueils critiques où il entend juger la pensée, les actes et la littérature de son temps. En 1862, ses articles contre Les Misérables créent le scandale. Il quitte Le Pays à la suite d’un autre article contre Sainte-Beuve et part quelques mois travailler à ses romans chez Mme de Bouglon à la Bastide-d’Armagnac. En 1863, une chronique au Figaro qui ridiculiseBuloz et la Revue des Deux Mondes lui vaut un procès37. Il persévère et s’en prend à l’Académie en publiant dans le Nain jaune les Quarante médaillons de l’Académie, pamphlet contre les membres de l’Institut. Le Chevalier des Touches paraît la même année, Un prêtre marié paraît l’année suivante. Le dernier Memorandum est composé en 1864, à l’occasion d’un voyage à Saint-Sauveur.
Les Diaboliques sont publiées en novembre 1874. Les exemplaires sont immédiatement saisis et l’auteur est poursuivi pour « outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs, et complicité ». Barbey fait intervenir Arsène Houssaye et Gambetta pour éviter le procès. Il accepte de retirer l’ouvrage de la vente et le juge d'instruction conclut au non-lieu40.
L’œuvre sera rééditée en 1883 avec une préface, ajoutée par précaution.
Durant les années qui suivent, il se rapproche de la génération montante : Bloy, Vallès, Daudet, Bourget, Rollinat, Jean Lorrain, Richepin, Péladan, Huysmans, Coppée,Hello, Uzanne, Octave Mirbeau...
ainsi que d’écrivains autrefois éreintés : Banville, Hérédia, Taine. Edmond de Goncourt l’inscrit sur une des premières listes de l’Académie des Dix.
En 1878, il publie Les Bas-bleus, cinquième volume des Œuvres et les hommes, consacré « aux femmes qui écrivent, car les femmes qui écrivent ne sont plus des femmes. Ce sont des hommes - du moins de prétention - et manqués »41.
En 1879, il rencontre Louise Read, sa dernière amie et celle qui va se dévouer à sa gloire. En 1880, il publie Goethe et Diderot, un pamphlet. Une histoire sans nom, autre roman catholique dans lequel un moine capucin qui prêche l’Enfer croise la route d’une jeune fille innocente et somnambule, paraît en 1882 - c’est un succès. Il collabore auGil Blas et publie en 1883 deux histoires d’inceste et d’adultère : Retour de Valognes (Une page d’histoire) et Ce qui ne meurt pas (un roman écrit presque 50 ans plus tôt).
Il donne également les troisième et quatrième Memorandum. En 1884, il publie des poésies, Les Rythmes oubliés et ses derniers articles de critique - il salue notamment A rebours le roman-manifeste fin de siècle de Huysmans42. Malade du foie, il continue de fréquenter les salons de la baronne de Poilly, des Daudet et des Hayem, où ses causeries émerveillent. Il soutient les débuts à la scène de la jeune Marthe Brandès. En 1888, il publie Léa, l’une de ses premières nouvelles, puis Amaïdée en 1889, avant de tomber malade. Il s’éteint le 23 avril 1889. Les circonstances de sa mort vaudront de violentes attaques autour de son testament (Louise Read est instituée légataire universelle), en mai 1891, du journal La France sous la plume du Sâr Joséphin Péladan, et un procès de ce dernier à l’encontre de Léon Bloy et de Léon Deschamps rédacteur en chef de la revue La Plume. La quasi-totalité de la presse d’alors salue la condamnation du Sâr en octobre 189143. L’écrivain normand est inhumé au cimetière Montparnasse avant d’être transféré en 1926 au château deSaint-Sauveur-le-Vicomte. C’est Louise Read qui poursuivra la publication des Œuvres et les hommes.

C'est vers 1849 que Barbey d'Aurevilly découvre La Comédie humaine. Immédiatement, il déclare admirer leur auteur « comme les Alpes »66. Il se charge de l'édition de sesPensées et maximes, recueil d'aphorismes sélectionnés dans son œuvre et publié en 1854. Il prend sa défense en 1857 dans Le Pays, en réponse à une attaque de La Revue des Deux Mondes. Le 1er février sa veuve lui envoie une lettre de remerciement et le médaillon de son mari par David d'Angers.
Des œuvres comme La vieille fille ou Le réquisitionnaire vont l'aider à trouver sa voie67. La lecture de Balzac lui enseigne tout ce que sa propre expérience renferme de thèmes romanesques, notamment la peinture de la vie provinciale, l'atmosphère des petites villes et leurs drames secrets68. Barbey a hérité de Balzac son esthétique de la nouvelle - ce qu'il nomme « le dessous de cartes » ou « le fantastique de la réalité »69 : vectorisation implacable vers un évènement (la nouvelle est comme « un roman en raccourci »), jeu du dehors et du dedans, plongée dans les mystères et faux-semblants de la conscience, révélation de la face cachée des faits et des individus - autant de procédés que l'on retrouve dans Les Diaboliques. L'oralité est très présente dans les œuvres des deux auteurs. Elle permet des effets de réverbération, de carambolage, et démultiplient les perspectives70. Les Diaboliques s'appelaient primitivement Ricochets de conversation, en référence à Une conversation entre onze heures et minuit.
Avec les vingt volumes des Œuvres et les hommes, Barbey d'Aurevilly a voulu dresser l'inventaire intellectuel du xixe siècle. Sa critique littéraire est une grande chasse à la sottise75. Injustes souvent, mais toujours logiques et en concordance avec ses principes, ses jugements sont légitimés par le talent et par le courage76.
Mais il voit juste lorsqu'il défend Les Fleurs du mal (Baudelaire), Madame Bovary (Flaubert), les œuvres de Balzac et celles de Stendhal, Emaux et camées (Gautier), A rebours (Huysmans).
- Le Cachet d'onyx, composé en 1831
- Léa, 1832
- L'Amour impossible, 1841
- La Bague d’Annibal, 1842
- Le Dessous de cartes d'une partie de whist, 1850 (reprise dans les Diaboliques)
- Une vieille maîtresse, 1851
- L'Ensorcelée, 1852 (sous le titre de La Messe de l’abbé de La Croix-Jugan), 1855
- Le Chevalier Des Touches, 1863
- Un prêtre marié, 1864
- Le Plus Bel Amour de Don Juan, 1867 (reprise dans les Diaboliques)
- Les Diaboliques, 1874
- Une histoire sans nom, 1882
- Une page d'histoire, 1882 (sous le titre Retour de Valognes. Un poème inédit de Lord Byron), 1886
- Ce qui ne meurt pas, 1883
- Le bonheur dans le crime
oulalah je l'ai lu il y a très très longtemps ce livre! mais certains épisodes me sont restés en mémoire, comme celui de la femme face à la panthère!
RépondreSupprimerplus aucun souvenirs... si bien que je me demande si déjà lu ou pas, mémoire qui bât la campagne...
Supprimerbonne soirée Flou
bises