mardi 22 mai 2012

j'ai lu : Le Boulevard périphérique de Henry Bauchau (Belgique)

Portail de la Belgiqueune page, un auteur... littérature francophone contemporaine
Henry Bauchau (né le 22 janvier 1913 à MalinesBelgique) est un écrivain — poète, romancier, dramaturge et psychanalyste belge — de langue française. Il vit àParis depuis 1975.
La petite enfance d'Henry Bauchau est marquée par l'invasion allemande et l'incendie de la maison maternelle à Louvain. Le romancier évoquera ce drame dansL'Incendie Sainpierre. Il fait des études de droit à la Faculté Saint-Louis, puis à l'université de Louvain. Avant d'être mobilisé en 1939, il exerce des activités dans le journalisme et milite dans des mouvements de jeunesse chrétiens. Pendant la guerre, de juillet 1940 à juin 1943, il sera responsable du Service des volontaires du travail pour la Wallonie (SVTW), avant de rejoindre un mouvement de Résistance armée; blessé dans un maquis des Ardennes, il termine la guerre à Londres. Son action dans le cadre du SVTW lui vaudra d'être soupçonné après la Libération, mais il est officiellement acquitté par le tribunal militaire. Blessé néanmoins par cette incrimination, il s'éloignera de son pays et vivra en Suisse et en France. À Paris, il travaille dans la distribution de livres, principalement pour l'éditeur franco-algérien Edmond Charlot. Il fréquente Camus et bien d'autres célébrités, et se lie d'amitié avec Jean Amrouche, ce qui l'amènera à soutenir la cause algérienne, ultérieurement, à partir de la Suisse.
De 1947 à 1951, Bauchau entreprend une psychanalyse auprès de Blanche Reverchon, l'épouse du poète Pierre Jean Jouve. Cette analyse marquera profondément sa pensée.
C'est en 1958 qu'il publie son premier recueil de poèmes, Géologie, qui obtient le prix Max Jacob. En 1960Ariane Mnouchkine monte sa pièce Gengis Khan aux Arènes de Lutèce. Jean-Claude Drouot reprendra l'œuvre en 1988. Entre-temps, Henry Bauchau voyage. Sa vie se partage entre la France, la Suisse et la Belgique ; entre l'enseignement, la psychanalyse (à Paris, avec Conrad Stein) et l'écriture ; entre succès et difficultés financières. L'Essai sur la vie de Mao Zedong lui demande huit ans de travail et est publié en 1982.
 En 1985, il reçoit le Prix quinquennal de littérature pour l'ensemble de sa carrière.
Enfin, il commence son cycle mythologique et donne successivement Œdipe sur la route (1990), Diotime et les lions (1991) et Antigone (1997). Parallèlement, la publication de son Journal (1989-1997) éclaire la création, permet de comprendre l'importance que représentent pour l'écrivain la poésie, les rêves, l'inconscient et l'écriture.



Œdipe sur la route est une relecture du mythe œdipien qui évoque un parcours initiatique au terme duquel le héros se fond littéralement dans l'art. Ici, Œdipe partage avec Orphée la même capacité, celle de ranimer « les trésors perdus de la mémoire » grâce au chant, à la peinture et à l'écriture. Au lieu de se disperser, le roi aveugle retourne à l'unité. 
Après avoir surmonté ses peurs, il est « encore, est toujours sur la route », dira Antigone à la fin. 
La route de la connaissance de soi, libérée de la culpabilité et du remords. Antigone, qui l'a accompagné jusqu'au bout, symbolise cette route de la réalisation de soi. Gardienne du principe de vie, elle n'est pas de celles qui se retournent pour voir, par curiosité. De même, quand elle revient à Thèbes pour tenter d'apaiser la rivalité entre ses deux frères, c'est aussi pour dire « oui » à la vie, au futur, à la beauté et pour refuser, dans sa robe déchirée, toutes les manifestations de pouvoir, toutes les guerres. Elle est la part féminine, celle du poétique, de l'amour sans justification, de la patience.
Bauchau mêle l'enthousiasme mystique et la connaissance de l'Antiquité à la psychanalyse, aux philosophies asiatiques et à la foi chrétienne. - wikipédia
citation : « On n'invente pas les personnages, ils existent dans l'inconscient, il faut les laisser sortir.  »- de Henry Bauchau

début de lecture : 22 mai 2012
Alain pour me l'avoir envoyé aussi rapidement,

Le boulevard périphérique Le Boulevard périphérique (Actes Sud, 2008). Prix du Livre Inter 2008 - 256 pages
  • Editeur : Actes Sud (31 août 2009)Collection : Babel Noir

Paris, 1980. Alors qu'il « accompagne » sa belle-fille dans sa lutte contre un cancer, le narrateur se souvient de Stéphane, son ami de jeunesse, qui au début de la guerre l'avait initié à l'escalade et au dépassement de la peur. 
Entré dans la Résistance, puis capturé par un officier nazi – le colonel Shadow –, il est mort dans des circonstances jamais vraiment élucidées. Mais Shadow, à la fin de la guerre, s'est fait con-naître du narrateur. Son intangible présence demeure en lui, elle laisse affleurer les instants ultimes, la mort courageuse – héroïque, peut-être – de Stéphane.
 Et la réalité contemporaine (les visites à l'hôpital, l'anxiété des proches, les minuscules désastres de la vie ordinaire) reçoit de ce passé un écho d'incertitude et pourtant d'espérance... 
L'ombre portée de la mort en soi, telle est sans doute l'énigme dont Henry Bauchau interroge les manifestations conscientes et inconscientes, dans ce captivant roman qui semble affirmer, jusqu'à sa plus ultime mise à nu, l'amour de la vie mystérieusement éveillée à sa condition mortelle.
25/05/2012 - arrivée page 103
La maladie de sa belle-fille font resurgir le passé, son amitié avec Stéphane, durant la guerre, les randonnées d'escalade qu'ils faisaient ensemble, et surtout la mort de l'ami.
Vaguement l'impression que l'amitié entre le narrateur et Stéphane ne soit pas simplement celle de "bons copains"... une sorte de jeu de la séduction entre les deux. Amour platonique ?
le narrateur : marié, un enfant, sa belle fille se meurt d'un cancer à l'hôpital.  veuf ? amoureux d'elle ? Son fils semble tenir peu de place dans sa vie ?
Le narrateur nous emmène à la recherche de Stéphane le résistant, de Maurice résistant puis soldat sous l'uniforme SS et du colonel Shadow.
Stéphane : célibataire, homme limpide et simple, un manuel, résistant, as de l'escalade, qui ne sait pas nager au point d'être tétaniser en entrant dans l'eau lors d'une baignade avec son ami. Il mourra de façon bizarre et quelque peu tenue secrète. Il a été retrouvé noyé justement, après un saut en parachute. Les balles ne semblent pas l'avoir touché mortellement... un seul à la clef, et c'est le colonel Shadow.
 le Colonel ShadowQuand le narateur le rencontre celui-ci est emprisonné suite à la fin de la guerre, très handicapé physiquement et en fin de vie. Une femme est auprès de lui, Marguerite ?
la belle-fille : jeune, il semble qu'un lien très fort l'unie au narrateur. Mère omniprésente à son chevet, peu de chose sur le mari sauf qu'il est cadre. Un jeune enfant.
Tout tourne autour de la mort.
Pas mal de questions en suspend... à la page 103

 terminé le 28/05/2012.

Impressions en vrac :
roman sur la mort et la solitude, peu de dialogues, tout passe par les regards.
la solitude, une impression que chacun des personnages est seul, malgré la solidarité qui entour Paule.

le narrateur : déjà un certain âge, puisque grand-père, retraité ? son métier était probablement médecin, psy peut-être, l'amie qu'il consulte pour l'enfant est psy, sans compter sa façon d'analyser les faits passés et présents. Marié, mais il semble avoir eu une forte attirance (partagée) envers Stéphane. 

Paule, la belle-fille dont on suit la maladie, semble plus proche de son beau-père que de son époux ?

Stéphane, homosexuel ? pas dit clairement, on ne lui connaît aucune aventure, mais il semble inspirer l'amour autant aux hommes qu'aux femmes. 

Paule et Stéphane, me semble la représentations d'un dieu et d'une déesse qui sont condamnés à mourir jeunes, trop beau, trop solaire pour pouvoir vivre une vie commune, ils ne peuvent que finir avant de se faner.

la mère, de Paule, personnage rassurant, image de la pieta ?

Mikha, Win, le fils et le petit fils du narrateur, personnage un peu en dehors de l'histoire. Impression qu'il y a un ancien contentieux entre Mikha et son père, leur relation ne semble pas simple, mais pas vu d'explication, sauf peut-être une certaine rivalité dans l'affection de Paule ?

Argile, épouse du narrateur, au début j'ai pensé qu'il s'agissait d'une employée. Doit-on se poser la question sur la symbolique de son prénom ?

le colonel Shadow, enfin, qui vient hanter comme une ombre le narrateur, représente la force brutale, masculine, le père, un dieu du mal et de la mort ? 
Des relations ambiguë également avec Stéphane ; amour ? Eros et Thanatos ? Ne doivent-ils pas périr l'un par l'eau et l'autre par le feu ?

Marguerite, résistante, amoureuse de Stéphane, ce qui ne l'empêche pas de suivre jusqu'à sa mort le colonel Shadow... là, encore un personnage que je n'arrive pas à cerner.

boulevard périphérique, titre choisi pour le fait que le narrateur l'emprunte souvent ou pour une autre symbolique ? sorte d'anneau de Moebius où passé et présent se cotoyent ?

Un très beau roman qui ne laisse pas indifférent, je suis ravie de l'avoir lu, avec une préférence pour l'histoire de Stéphane. Comme prévu l'histoire de Paule m'a mise assez mal à l'aise, et fait revivre quelques épisodes douloureux que je pensais avoir surmontés. 
 souvenirs de lectures
Oedipe sur la route Œdipe sur la route (Actes Sud, 1990 ; Babel n° 54). Prix triennal du roman
Déchu, aveugle, Oedipe a franchi les portes de Thèbes. Antigone aussitôt se met en chemin. Non loin se tient Clios, ou le bandit, dont la cruauté est célèbre à travers l'Attique. Ainsi débute l'errance d'un demi-dieu maudit, de sa fille, de leur compagnon. Sans deviner quels sentiments les unissent - ignorant qu'ils progressent vers Colone où Oedipe entrera dans la légende - ces trois-là sont peu à peu livrés au plus énigmatique des destins. 
Roman d'aventures ? Oui, tant il est vrai qu'Henry Bauchau nous guide dans la nuit des temps et, au plus près de ses personnages, nous fait partager leurs épreuves. Mais le narrateur aborde bientôt d'insoupçonnés rivages, convoque les arts et les songes, la danse et la sculpture, la folie et la tendresse, le délire et le chant. Et c'est au bord des abîmes que sa méditation trouve ses plus profondes résonances. Ecrit dans la maturité, gravé dans la plénitude d'une interrogation universelle, ce roman marque le retour à la prose du poète Henry Bauchau. Un retour qui force notre admiration.
Antigone Antigone (Actes Sud, 1997 ; Babel n° 362)
Lumineuse, féminine, intrépide, l'Antigone d'Henry Bauchau nous est peut-être plus présente que celle des dramaturges. Et sans doute fallait-il un roman pour vraiment incarner les passions de la jeune mendiante qui, après avoir suivi son père, le roi aveugle, des années durant jusqu'au terme de son parcours, contre toute prudence prend le chemin de Thèbes avec l'espoir d'empêcher la guerre entre les fils de Jocaste, ses deux frères tant aimés. Commence alors pour elle une suite d'épreuves, de doutes, d'humbles joies et d'inexorables déchirements. Traversée d'épisodes sublimes où resplendissent la beauté des chevaux, l'éclat des armes et la vaine gloire des combats, l'Antigone de Bauchau n'en est pas moins une oeuvre d'écoute et d'attention à la souffrance, qui chante les regrets de l'amour, l'apaisement des blessures, l'ambivalence des désirs, les mystères de la filiation.
 Dans une écriture limpide, semblant souverainement précéder toute rhétorique, Henry Bauchau traverse les âges de l'humanité jusqu'à atteindre un temps des origines, une matière première des passions et des arts, d'où il fait soudain jaillir cet événement merveilleux : la naissance du théâtre. Par-delà les éblouissements que nous procure parfois la littérature, il y a bel et bien dans ce livre quelque chose d'éternel. Comme est éternelle Antigone, figure laïque et rédemptrice, symbole de paix et de féminité, qui défie les lois viriles de la haine - et nous éclaire depuis des millénaires, face aux millénaires à venir.
Diotime et les lionsDiotime et les lions (Actes Sud, 1991 ; Babel n° 279) -  64 pages
  • Editeur : Actes Sud (4 juin 1999)Collection : Babel

A travers la lutte avec les lions, dans l'ivresse du combat et dans la prédilection que lui témoigne son grand-père, c'est aux plus troublants interdits que Diotime est confrontée. 
Henry Bauchau projette la lumineuse sagesse de l'Orient tout au long de ce récit bref et pourtant inépuisable qui semble se jouer de la transparence des mots pour mieux atteindre à l'essentiel. 
Nathalie Ponlot se laisse emporter par l'écriture d'Henry Bauchau, afin de mieux incarner Diotime. Savoix nous fait partager toute la musicalité et l'émotion de ce superbe récit. 
L'oeuvre est suivie d'un entretien entre Madame Myriam Watthe-Delmotte, Professeur de l'Université Catholique de Louvain, spécialiste de l'oeuvre bauchaulienne et Jean Lieffrig, agrégé de lettres, fondateur d'Autrement dit.
Autres romans
La Déchirure (Gallimard, 1966 ; Labor, 1986 ; Actes Sud, 2003)
Le Régiment noir (Gallimard, 1973 ; Les Éperonniers, 1987). Prix d'honneur (Paris) ; prix Franz Hellens (Bruxelles) et prix triennal du roman
L'Enfant bleu (Actes Sud, 2004)
Déluge (Actes Sud, 2010)
L'enfant rieur (Actes Sud, 2011)
Temps du rêve (Actes Sud, 2012)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire